Le 4 décembre 1840, le petit village thermal de Castéra-Verduzan vit naître celui qui deviendra un des plus grands professeurs de chirurgie de la fin du XIXème siècle, s’inscrivant comme le digne successeur de la lignée des médecins gascons de renom : Odilon Marc Lannelongue.
Un médecin brillant
Après avoir fréquenté le lycée d’Auch, Odilon poursuit ses études à Paris où il s’inscrit en médecine à 18 ans. Médaille d’or de l’internat et le titre de docteur en poche, il ouvre son cabinet rue St Honoré. Pendant la guerre de 1870-1871 il pratique la chirurgie sur les champs de bataille.
Buste d’Odilon Lannelongue au Musée de l’Histoire de la Médecine à Paris.
Ses nombreuses publications, ses recherches le propulsent au sommet de son art, chirurgien réputé, il est nommé professeur à la faculté de médecine de Paris, membre de l’Académie des sciences, président de l’Académie nationale de chirurgie, puis de l’Académie de médecine.
Des relations déterminantes
A Paris, s’il partage ses études avec Georges Clémenceau, Odilon Lannelongue fréquente aussi le milieu républicain et se lie d’amitié avec Léon Gambetta. Sur les champs de bataille il gagne ses galons de chirurgien major, ce qui lui ouvre les portes de la haute société parisienne où il rencontre celle qui va donner une ascension fulgurante à la carrière du Docteur Lannelongue et asseoir sa notoriété : La riche Marie de Remusat née Cibiel, future Madame Lannelongue.
Derrière ce grand homme, une femme…
Humaniste et généreuse, Marie partage la vie d’Odilon pendant 30 ans sans pouvoir lui donner de descendance. Ensemble ils créent en 1895 la Ligue Fraternelle des Enfants de France. Cette association devient le premier mouvement d’entraide de jeunes et la plus vieille œuvre sociale française de secours aux enfants.
En 1909, Le centre chirurgical Marie Lannelongue est créé à Paris puis déplacé au Plessis Robinson. C’est dans cet hôpital que sera réalisée en 1955, la 1ère opération à cœur ouvert.
Marie Lannelongue permet à Odilon de s’élever jusqu’aux plus hautes sphères de la médecine française. Il soigne de nombreuses personnalités : son ami Gambetta, Sarah Bernhardt, le tsarévitch et devient le médecin d’hommes politiques : Sadi Carnot, Fallières, Poincaré. Il est à l’Élysée lorsque son ami le président Félix Faure meurt dans les bras de sa maîtresse en 1899.
Le philanthrope
Odilon Lannelongue fait preuve d’humanisme, de bienveillance; il est ce que l’on nomme un « honnête homme ». Il fonde des prix pour aider les étudiants ou les veuves de médecins, il se rallie à la cause féminine en accueillant des élèves externes femmes dans son service à l’hôpital. En 1911, il désire la création d’une œuvre d’intérêt national d’ordre scientifique ou social portant son nom : l’Institut Lannelongue voit le jour à Vanves.
La passion des voyages
Les époux Lannelongue ont cette passion commune et multiplient les voyages en Europe. Ils tombent particulièrement amoureux de Venise d’où ils ramènent de vrais trésors de meubles, de luminaires. A la disparition de sa femme en 1906, Odilon décide de partir pour un long périple de 270 jours dont il publie un livre aux éditions Larousse : Un tour du monde.
Il en ramène des œuvres d’art mais aussi des graines de cyprès chauve qui agrémentent de nos jours le parc Lannelongue à Castéra-Verduzan.
Ses ambitions gersoises
L’homme politique : En 1892 le Docteur Lannelongue brigue les suffrages et devient maire de sa ville natale, Castéra-Verduzan. En 1893 il est élu député du Gers et quelques années plus tard en devient sénateur.
Sa terre natale
Odilon Lannelongue reste attaché à ses racines gasconnes : à Paris, il préside « La Garbure » société amicale des gascons du Gers. A Castéra-Verduzan, il fait construire une maison qui porte son monogramme OL, dans laquelle le couple vient séjourner chaque année. De cette belle propriété le Docteur Lannelongue fait un musée qu’il léguera à l’Etat français.J’ai voulu aller jusqu’au peuple. Mon but a été de réunir les œuvres d’art que je possède dans ma maison natale de Castéra-Verduzan. Ainsi sera constitueé pour les habitants de mon village et des localités voisines une collection unique, véritable synthèse de l’histoire de l’art.
Généreux donateur, Odilon Lannelongue soutient notamment les thermes de Castéra-Verduzan, les fouilles de la villa gallo-romaine de Séviac. Bienfaiteur, il n’hésite pas à consulter gratuitement les plus démunis.
Les honneurs
Commandeur de la Légion d’honneur
Professeur émérite, médecin de l’élite, altruiste et humain, le Professeur Odilon Marc Lannelongue est promu au grade de commandeur de la Légion d’honneur. Bustes et médaille sont faits à l’effigie du grand homme et il n’est pas rare d’emprunter une artère qui porte son nom …
Dans le Gers : à Castéra-Verduzan (la place de la mairie), à Condom et à Cazaubon, mais aussi en Seine Maritime, dans le Nord et en région parisienne tout comme dans le 14ème arrondissement de Paris.
Odilon Lannelongue ferme les yeux définitivement le 22 décembre 1911 à Paris. Il repose aux côtés de son épouse Marie dans leur mausolée à Castéra-Verduzan.
Et la belle demeure devient le Casino de Castéra-Verduzan
En 1986, la maison et le parc sont rachetés par la mairie et une vente aux enchères disperse les collections composées de 131 pièces. Aujourd’hui l’endroit abrite un casino et son restaurant.
Le mystère du bras de Gambetta
Lorsque le « père fondateur de la IIIe République » meurt d’une infection intestinale, son corps est démembré… son cœur est au Panthéon, son cerveau à l’Institut de Médecine, son unique œil à Cahors et ses restes à Nice. C’est en tant qu’ami que le professeur Lannelongue hérite d’un bras de Gambetta et de sa main blessée. On perd la trace de ce fameux bras en 1910 à Castéra-Verduzan et malgré les investigations menées, la disparition paraît manifeste et le mystère reste entier !